Zut ! Mauvais timing pour le lancement de Sucre amer ! Mon dernier ouvrage, qui devait rejoindre les tables des libraires en avril 2020 a vu sa sortie retardée par le confinement lié au coronavirus. Mais cet imprévu est bien peu de choses face au sérieux de cette crise sanitaire qui nous a tous demandé de repenser nos priorités et a révélé un grand élan de solidarité nationale.
Bref, le monde littéraire s’est tu pendant quelques mois et mon programme de dédicaces et de rencontres précieusement concocté a été momentanément mis sur pause. Et pourtant ! Pourtant quelques irréductibles lecteurs ont quand même réussi à se procurer un exemplaire de Sucre amer, en format papier ou ebook ! Et ils m’ont fait l’immense joie de partager leurs impressions suite à la lecture de celui-ci.
Je vous invite à les découvrir ci-dessous, en espérant qu’ils vous donneront l’envie de vous plonger dans cette histoire inspirée de faits réels :
L’histoire d’un déracinement et de ses conséquences
« Je suis ému et très touché à la lecture de vos écrits. Un pan de mon histoire et celle de ceux qui ont fait ce voyage sans retour, au préalable. Aux premières lignes, mon cœur s’est mis à chavirer face aux souvenirs de mon enfance et aussi de mon arrivée dans ce département qui m’a adopté et j’ai su, par la force de volonté et d’abnégation m’adapter au fil des années. Au plus profond de mon cœur, je vous remercie. »
Jean-Maurice P
« ‘Sucre amer‘ m’a touché par son humanité. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, la nature des protagonistes est si véridique que ce roman passionnant, plein de rebondissements, rejoint pour moi les épopées célèbres que sont ‘Les raisins de la colère‘ ou ‘Guerre et paix‘. Je vous le recommande si vous aimez vous laisser emporter par la destinée cabossée d’enfants victimes de l’aveuglement d’administrations sans scrupules.
Aamanuel sur Babelio
Je souhaite sincèrement que ce beau roman trouve sa voie dans l’immense offre de littérature française contemporaine ; il mérite d’atteindre un vaste lectorat. »
« J’ai eu la chance de me procurer ‘Sucre amer‘ avant le confinement et de rencontrer Françoise. Ce livre m’a captivée, je l’ai lu avec grand intérêt. A découvrir sans hésitation ! »
Sabine T
« C’est un livre passionnant, plein de rebondissements et de personnages attachants. A LIRE ABSOLUMENT ! »
Odette S
« Mes félicitations pour ce travail de recherche, quel souci du détail ! J’ai beaucoup aimé l’histoire, pas du tout le fait que ces enlèvements aient existé. On voyage vraiment de l’île de la Réunion à la Creuse. Encore bravo et merci pour ces très bons moments de lecture et d’évasion. A quand le prochain roman ? »
Florence F
« Je ne connaissais pas ce drame concernant le vol de ces petits Réunionnais emmenés en métropole… Les fausses promesses, la perte d’identité, la séparation de fratries, ces placements qui ont souvent servi à fournir de la main-d’œuvre pas chère… Heureusement, il y a aussi ces enfants qui ont rejoint des personnes aimantes. Françoise a su tout nous expliquer, tout en créant une histoire passionnante, avec des moments de larmes mais aussi de joie… Merci et mille fois bravo pour ce livre magnifique. »
Dominique B
Alors, intrigués par ce nouveau livre ?
Découvrez le résumé de Sucre Amer ici et retrouvez-le dès le 05 juin chez votre libraire préféré (soutenons les commerçants de proximité !) ou passez-lui commande si vous ne le trouvez pas dans ses rayons !
« Sucre amer » a obtenu le prix du jury des lecteurs des « Plumes de Fébus » aux XXV èmes Journées du Livre d’Orthez, les 25 et 26 septembre 2021. Ci dessous le discours prononcé à l’occasion de la remise du prix:
Nous ne connaissons pas grand-chose de Françoise Le Glohaec et elle ne nous dit pas grand-chose d’elle non plus dans son roman paru en 2020, « Sucre amer ». Alors je vais parler de son roman, que le jury des lecteurs a retenu comme prix littérature 2020 de cette 25ème édition des Journées du livre d’Orthez.
Tout commence en 1967 dans cette île paradisiaque de la Réunion, à 10 000 km de la métropole où la nature est belle, généreuse, colorée et flamboyante. Mais la vie n’y est pas facile pour Marie, Paulin et leurs cinq enfants Appolina, Martin, Émelie, Flora et Youli, le petit dernier, âgés de treize à deux ans. Et là où il y a de la misère, surtout quand les enfants y sont confrontés, il y a les services sociaux. La Réunion, c’est la France depuis le tout début du 17 ème siècle, et en France les services sociaux, c’est la DASS, en la personne de madame Dubois, qui va se charger de soulager la misère de la famille en exécutant un plan élaboré à Paris.
Les enfants vont être littéralement arrachés à leur mère, pour être emmenés en métropole, et pour rendre cette séparation moins douloureuse on va expliquer à Marie que les enfants n’auront pas à travailler, qu’on leur fera faire des études et qu’ils reviendront pour les vacances. Comment ne pas accepter une proposition aussi alléchante, même si la séparation est un coup de poignard dans le cœur de la mère et de celui des enfants qui se sentent dès cet instant abandonnés.
Dès lors, ce sera une lutte pour la survie. Appollina, va se sentir investie du rôle de chef de famille, qui doit assurer la protection de sa « tribu ». Et le mot d’ordre sera pour tous « rester ensemble à tout prix», afin de ne pas avoir à revivre le traumatisme de la séparation d’avec leurs parents. Je ne vais pas vous raconter la vie douloureuse de ces enfants, qui parviendront tout de même à se retrouver après de nombreuses péripéties, qui les mèneront de leur île lointaine dans le département de la Creuse, principalement à Guéret, Aubusson et les fermes de la campagne creusoise.
Le roman de Françoise Le Glohaec, « Sucre amer » est une peinture de la France de ces années 60, qui nous permet de vivre la vie des hommes et des femmes des plantations de canne à sucre de l’outre-mer, d’appréhender le curieux fonctionnement des services sociaux à l’enfance, de plonger dans la misère financière et psychologique de la France rurale de cette époque.
Mais c’est également une peinture des hommes et des femmes, qui va bien au-delà des seuls personnages du roman : la douleur de Marie Hoareau, est celle de toutes les mères qui ont vécu la perte de leurs enfants. La rébellion d’Appolina et de ses frères et sœurs est celle de tous les enfants qui n’acceptent pas le tragique destin que la vie leur a préparé. La cupidité et la bestialité de Fernand rejoint celle des Thénardier, immortalisées par Victor Hugo. Tout au long des pages du roman, on a envie de pleurer avec Marie, on a envie de prendre chacun de ces enfants dans ses bras, on a envie de s’interposer et de crier son indignation, chaque fois que l’administration ou la cruauté des hommes, leur fait subir de cruelles injustices.
Le jury des lecteurs aime bien les ouvrages qui inscrivent leur intrigue dans la grande histoire, celle qui nous est commune, qui nous concerne tous. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : de 1962 à 1984, plus de 2150 enfants réunionnais, ont subi le sort des héros du roman de Françoise Le Glohaec, à l’instigation du député de La Réunion qu’était Michel Debré, de1958 à 1968. Il s’agissait pour lui de repeupler les départements métropolitains victimes de l’exode rural, par la « déportation » des enfants de la Réunion, qui affichait, elle, un taux d’accroissement de la population parmi les plus élevés au monde.
La migration a été un fiasco : les familles ont été bernées, la majorité des pupilles a été déracinée, les études promises n’ont souvent été qu’une chimère. De très nombreux enfants ont été frappés par la solitude, la déculturation, le racisme. Si certains, plus chanceux, ont trouvé une nouvelle famille et ont pu apprendre un métier, d’autres ont subi, dans les familles d’accueil, des conditions de travail qui s’apparentaient à des formes d’esclavage moderne, parfois même des violences physiques ou sexuelles.
Même si une loi de 2014 a reconnu la responsabilité de la France dans ces drames, et a offert un voyage dans l’île à 70 enfants de 60 ans, il n’en reste pas moins que j’ai encore entendu les protagonistes de « Sucre amer », demander réparation sur France inter, cet été, et que le roman de Françoise Le Glohaec nous incite à une grande vigilance.